À l'occasion de mes 40 ans, un ami m'a offert Aliens : Dark Descent sur lequel je lorgnais depuis sa sortie, manquant de peu d'acheter par erreur le jeu Aliens : Fireteam Elite. C'est un fait, les jeux autour de la célèbre créature de l'artiste suisse H.R. Giger sont légions et à l'instar d'une licence comme Star Wars, nous avons été plutôt gâtés. Il est pourtant un jeu passé sous les radars à sa sortie, développé par les parisiens de chez Tindalos Interactive.
Alors quid de ce Aliens : Dark Descent, épisode correct ou pépite méconnue ?

Hé Maeko ! Tu Dark Descent ? Vous incarnez Maeko Hayes, administratrice à bord de l'USS OTAGO en orbite autour de la planète Léthé. Suite à un accident de type infestation xénomorphique, vous voilà contraint d'atterrir sur Léthé avec un vaisseau en piteux état et aucun moyen de communication avec le reste de l'humanité colonisant la galaxie (une autre forme d'infestation me direz-vous !). Après un sympathique tutoriel dans lequel vous contrôlez Maeko, vous parvenez à rejoindre un groupe de survivants constitués de marines, médecins et autres rescapés. Tandis que Hayes songe en priorité à mettre sur pied un satellite de secours pour prévenir l'humanité de cette infestation et fuir dare-dare, l'officier en charge de l'OTAGO escompte bien sauver les derniers colons sur le planétoïde, humbles fermiers pour la plupart. Les deux protagonistes de l'histoire s'accordent ainsi pour faire d'une pierre deux coups. Une fois le tutoriel passé, vous vous engagez sur votre première mission dans la lande de Dead Hills, une colonie autrefois paisible d'éleveurs.

La colline à des œufs : Comme son nom l'indique, Aliens : Dark Descent s'inspire d'avantage du deuxième film de James Cameron sobrement intitulé « Aliens ». Ici, vous incarnez une escouade de colonial marines aux capacités complémentaires pour explorer les différents lieux de la planète. Si le jeu fait penser de loin à X-Com par son interface et sa gestion de base, ADD parvient à battre de ses propres ailes pour trouver son style. Point de tour par tour ici, le jeu se déroulant en temps réel. L'originalité tient du fait que vous contrôlez toute votre escouade comme s'il s'agissait d'un seul personnage. Pour mieux figurer la chose, imaginez jouer un tank avec 4-5 tourelles amovibles. Comme dans le film, vous disposez d'un capteur de mouvements à grande portée, vous indiquant avec un bip stressant la présence d'êtres vivants à proximité. Les créatures patrouillent, se tapissent dans l'ombre, guettant leurs proies dans un silence religieux. Lorsque vous croisez l'une d'elle, le jeu passe en mode alerte à l'instar d'un Metal Gear Solid (influence assumée comme le prouve l'un des succès nommé « Solide reptile »). Une traque se lance alors et de nombreux xénomorphes se dirigent vers vous, vous obligeant à vous replier vers un endroit à votre avantage pour déchaîner les enfers à coups de fusil et de sulfateuse. La bataille des Thermopyles, sauce Weyland-Yutani. Une fois le mode alerte terminé, le jeu reprend normalement, ou presque, vos mauvaises rencontres faisant monter une jauge de danger qui passe de « facile » à « intermédiaire » puis « difficile », augmentant le nombre d'adversaires présents sur la carte. Mais ce n'est pas tout, chaque fois que la jauge franchit un nouveau pallier, une horde se déchaîne, vous laissant vingt secondes pour trouver un endroit propice dans lequel se barricader à coups de tourelles et autres mines afin d'encaisser une vague d'ennemis. Parfois même, de supers créatures se joignent à la partie, rendant la tâche plus ardue...

Nous ne partirons pas dans la nuit sans combattre : L'Homme n'en reste pas moins un super prédateur et il le prouve ! Fusils d'assauts, lance-flamme, capteur de mouvements, tourelles automatiques, mines, les moyens de purifier Léthé ne manquent pas et chaque armes disposent de forces et faiblesses, au même titre que vos soldats. À tout moment, vous avez accès aux capacités de vos marines via un écran qui ralentit le temps. De là, vous pouvez activer les différentes compétences propres à vos soldats pour freiner l'ennemi à l'aide d'un tir de suppression, lancer des fusées éclairantes pour augmenter la précision sur un espace donné, concentrer vos tirs... le tout en veillant à se tenir éloigné de l'adversaire dont le sang est corrosif. Le jeu prend ainsi des airs de Tower Defense, offrant un gameplay émergeant intéressant permettant de mieux anticiper les rencontres en déposant des mines et capteurs judicieusement, créant des abris de fortune ou en faisant stationner le tank avec lequel vous êtes arrivé dans différents endroits pour couvrir une retraite. Une fois encore, le jeu vous encourage à privilégier la furtivité car si les combats donnent de l'expérience à vos compagnons, une ruche trop nerveuse rendra la carte de plus en plus difficile à explorer, vous forçant à extraire vos unités pour revenir plus tard histoire de remettre les compteurs à zéro, sans compter que vos marines accumulent les traumatismes, traduisez, un lot de malus qui les rendent moins efficaces. Néanmoins, n'espérez pas abuser de ce système car à mesure que les jours défilent, l'infestation du planétoïde augmente, ainsi que la difficulté globale.

Un peu gluant mais appétissant : Qu'on se le dise, le jeu est beau et fourmille de détails du plus bel effet. Flammes, torches, explosions, murs poisseux... il en est de même pour le sound design et l'univers incroyablement fidèle à la saga. Le bestiaire est varié et les situations sont nombreuses, entre vos soldats enlevés par les xénomorphes, surpris par les face huggers, les aliens débarquant soudain d'un pont ou d'une canalisation... et cela sans compter les boss, de charmants titans traînant avec eux leurs sacs à pv. D'autres ennemis plus originaux font aussi leur apparition, tels que des groupes de fanatiques ou de droïdes fous qui ne lancent pas d'alerte mais peuvent répondre à vos imprécations d'un feu nourri et bien d'autres surprises encore. Il est par ailleurs grisant d'assister à une rencontre entre un ennemi et un xénomorphe, celui-ci n'hésitant pas à l'enlever, ajoutant une touche de réalisme dans toutes les cartes du jeu que vous devrez passer au peigne fin en vue d'enchaîner les objectifs et découvrir les nombreux secrets qui vous permettront d'améliorer votre matériel ou d'en apprendre plus sur l'histoire. Une véritable enquête passionnante sur les origines de l'infestation et l'implication d'une étrange secte baptisée l'ère de Darwin.

Dur mais juste ! ADD vous annonce la couleur dès le tutoriel, les développeurs vous gratifiant d'un encadré « C'est un jeu difficile ! », et malgré l'interface intuitive, il faut quelques heures pour apprivoiser l'ensemble. Sachez aussi que la mort de vos camarades est définitive, ainsi, la mort d'un soldat de rang élevé est un crève-cœur, le jeu ne permettant pas de sauvegarder à chaque instants. Ou du moins, pas tout à fait. Concrètement, le jeu sauvegarde à cinq reprises. Lorsqu'un objectif est accompli, lorsque vous empruntez un ascenseur, lors d'un checkpoint, lorsque vous rentrez à la base pour laisser s'écouler une journée (à tout moment dès que vous remontez à bord de votre tank) ou lorsque vous façonnez un abri. Ce dernier point est en vérité la sauvegarde la plus « manuelle » qui soit et fonctionne de la manière suivante : Presque toutes les salles du jeu permettent de faire office d'abri, sous condition de souder les portes d'accès afin qu'un bouton « repos » apparaisse. Le repos est en cela très utile qu'il permet de baisser le stress de vos marines, de soigner certaines blessures et de sauvegarder. Hélas, souder une porte vous coûte un outil, ceux-ci pouvant être récupérés lors de vos explorations ou à bord de votre base, ce qui limite tout de même ingénieusement les sauvegardes. De plus, vos outils sont indispensables à certaines actions comme condamner des accès ou réparer des tourelles... Sur le papier, c'est un excellent système qui maintient un niveau de stress élevé chez le joueur sans forcer celui-ci à recommencer de trop loin, même s'il peut arriver de perdre 20 minutes de progression. Dans les faits, il reste toujours la possibilité d'abuser d'une recharge rapide lorsque la situation dérape de trop. Le jeu aurait dû contraindre le joueur à assumer ses erreurs, au risque de frustrer celui-ci. Notez aussi un défaut dont on finit par abuser avec le temps, l'efficacité déraisonnable du tank. Ce dernier dispose en effet, outre son invincibilité, d'une force de feu absurde, mitraillant les cibles dans son champ de vision sans jamais lancer d'alerte tant que vous ne vous tenez pas à proximité. Maintenant, imaginez la possibilité de poser un leurre activable à distance à côté du véhicule pour attirer toutes les cibles alentours. Vous comprenez alors vite l'importance de déposer un grand nombre de capteurs autour du blindé, ceux-ci ne vous coûtant qu'un point d'action se rechargeant dans le temps, vous offrant la possibilité d'échapper ainsi à un grand nombre de situations périlleuses. Un point à améliorer pour une potentielle suite.

En bref : Malgré ses petits défauts, ADD est un très bon jeu dont on a trop peu parlé à mon sens. À la fois proche et différent d'un X-com, ADD n'est jamais reposant tant l'implication du joueur est grande, celui-ci stressant en même temps que ses marines dont il a la charge. À la manière du soldat Hudson du deuxième film, on se surprend parfois à lancer des imprécations sur les aliens tandis qu'on tire frénétiquement dans une tentative désespérée de survivre. Joli, merveilleusement fidèle à l'univers du film, disposant d'un scenario prenant et de personnages attachants, le jeu s'adresse autant aux fans de l'oeuvre de R.Scott qu'aux passionnés de jeux de commandos. ADD se trouve aujourd'hui à moins de 18 euros en promo et promet une excellente durée de vie estimée à environ 40h. Il est de plus disponible sur consoles. Pas mal hein ? C'est français !
