
1999, dernière année d'un millénaire s'achevant sur la menace du bogue de l'an 2000. Côté jeux vidéos, nous étions pourtant plus optimistes avec les sorties annoncées de FF8, Soul Calibur, Shenmue ou encore Driver pour ne citer qu'eux. Il y eut pourtant un jeu sorti la même année dont on parle peu aujourd'hui, un jeu dont le clip passait en boucle sur Gameone accompagné de la chanson « Be Brave » de Model 500. Sorti à l'origine en format Big Box sur Pc puis sur Dreamcast l'année d'après, ma mémoire de joueur n'avait conservé que peu de souvenirs du titre. Acheté pour trois francs six sous lors de soldes Steam, j'ai profité de l'aura de ff7 remake afin d'assouvir mon envie de me replonger dans de vieux rpg. Quelle ne fut pas ma surprise de constater la ressemblance graphique entre Silver et la version d'origine de FF7 avec ses persos cubiques et sa 3D précalculée. Croyez-le ou non, cette seule ressemblance a suffi pour que je décide de m'y replonger, guidant mon âme d'adulte dans ce souvenir d'adolescence à la recherche de réponses. Pourquoi le jeu m'avait-il laissé un sentiment agréable alors que j'en avais oublié jusqu'à ses graphismes ?

Un gros cube, un incube, c'est l'heure de botter des cubes ! Silver, c'est d'une certaine manière la fusion de quatre jeux. Prenez les graphismes de FF7, l'aura de Little Big Adventure, quelques mécanismes empruntés à Zelda et Secret of mana et vous obtenez Silver ! Les meilleurs ingrédients réunis suffisent-ils à obtenir un résultat probant ? Si le sandwich caviar - chocolat vous répondrait que non, force est ici de constater que la sauce prend et même sacrément bien ! Après une superbe cinématique d'intro, vous débutez l'aventure sous les traits de David, humble chevalier du monde de Jarrah. Au cours d'un entraînement avec son grand-père, son épouse se fait enlever par Fuge, fils du tyran Silver qui a décidé d'enlever toutes les femmes du royaume en vue d'accomplir d'obscurs desseins. Taïaut, il n'en faut guère plus pour partir à l'aventure à la recherche de votre moitié embarquée de force vers des contrées lointaines. Par chance, vous pouvez compter sur l'aide des hommes du pays, bien décidés à se révolter et combattre d'un seul bloc afin de sauver leurs sœurs, mères et concubines. Qui a dit que la solidarité masculine n'existait pas ?

Surveille tes abattis, fieffé coquin ! Après un rapide tutoriel, vous voilà jeté dans la mêlée. Le gameplay est ici assez délicat à maîtriser mais grisant à terme. De manière simple, la souris vous permet de diriger la direction de votre épée pour asséner une estoque lente mais puissante, de petits coups rapides ou des balayettes visant plusieurs ennemis à la fois. Avec le bouton droit, vous pouvez esquiver les attaques ou parer à l'aide d'un bouclier. Le jeu devient plus riche et complexe à mesure que vous débloquez sorts, compétences spéciales et armes à distance que vous obtenez au fil de votre progression, le tout proposant des joutes très agréables à mener, une fois l'envie de marteler le bouton de la souris passée. Les boss sont d'ailleurs l'occasion de mettre à profit votre maîtrise de l'épée, certains ennemis particulièrement retors offrant une grande satisfaction une fois vaincus. Exemple avec le premier boss du jeu, l'incube, dont vous devez comprendre le pattern avant de pouvoir le toucher.
Vos deux compagnons vous escortant, au nombre de six au total, s'en tirent honorablement, même si le jeu vous invite à en prendre le contrôle en fonction des situations. En matière d'intelligence artificielle, on a vu mieux, mon cher monsieur mais on a vu pire mon bon messire !
Petit bémol toutefois, la roue des armes et des talents, qui n'est pas sans rappeler celle de Secret of mana, se révèle assez peu pratique une fois un combat engagé, vous forçant à choisir en toute hâte vos objets, sorts ou armes ce qui, dans l'urgence de la situation, peut amener à se tromper ou à encaisser de vilains coups. Un bouton d'accès rapide à une arme de jet, potion ou une magie aurait été appréciable. Notez, il existe peut-être mais sans la notice d'origine, je ne l'ai pas trouvé ! Je ne puis parler non plus de la jouabilité Dreamcast à la manette, ne possédant pas celle-ci.

Vos deux compagnons vous escortant, au nombre de six au total, s'en tirent honorablement, même si le jeu vous invite à en prendre le contrôle en fonction des situations. En matière d'intelligence artificielle, on a vu mieux, mon cher monsieur mais on a vu pire mon bon messire !
Petit bémol toutefois, la roue des armes et des talents, qui n'est pas sans rappeler celle de Secret of mana, se révèle assez peu pratique une fois un combat engagé, vous forçant à choisir en toute hâte vos objets, sorts ou armes ce qui, dans l'urgence de la situation, peut amener à se tromper ou à encaisser de vilains coups. Un bouton d'accès rapide à une arme de jet, potion ou une magie aurait été appréciable. Notez, il existe peut-être mais sans la notice d'origine, je ne l'ai pas trouvé ! Je ne puis parler non plus de la jouabilité Dreamcast à la manette, ne possédant pas celle-ci.

Et on lui pèlera le jonc comme au bailli du Limousin ! Un mot sur les compositions, discrètes mais envoûtantes, entrecoupées de thèmes épiques lors des combats importants. Pas de musiques mémorables toutefois malgré une BO d'assez bonne facture. À noter un doublage français appréciable malgré la présence de quelques coquilles comme le personnage du chroniqueur, préposé à enregistrer votre aventure, parlant une fois sur deux en anglais. Le jeu d'acteur n'est hélas pas toujours convaincant non plus, certains personnages s'en tirant honorablement, d'autres ayant tendance à cabotiner. Par exemple, David fait souvent preuve d'un peu trop d'enthousiasme, jetant parfois littéralement sa réplique sur un ton peu approprié. De curieuse manière, il n'est pas sans rappeler le chevalier Bayard du film « Sans peur et sans reproche » de Gérard Jugnot, voire le chevalier de Pardaillec des inconnus. Notez, cela colle curieusement bien à l'humour un peu trop timide du titre.

Une aventure charmante mais imparfaite. Aujourd'hui encore, les graphismes font mouche. La 3D précalculée, qui a fait les belles années de la Ps1, est ici magnifiquement exploitée. C'est bien simple, les paysages en jettent et les zones à explorer, comme la ville de Rain, sont vastes, au point de ne plus savoir où donner de la tête parfois. Par chance, vous débloquez assez tôt une carte du monde grâce à laquelle vous pouvez vous téléporter en un instant. Une fonction salutaire, même si j'ai été victime d'un bogue en début de partie m'empêchant de l'activer et me contraignant à de longues errances à pied, pensant que celle-ci ne se débloquait qu'à des moments précis pour éviter tout abus. En réalité, le mulot de ma souris n'apparaissait pas exactement sur l'icône de la carte mais plus bas, bogue disparaissant heureusement au bout d'un moment.

De plus, le jeu accuse un peu son âge, un quart de siècle tout de même ! Le principal défaut réside dans ces éternels va-et-vient aux quatre coins du monde tant les indices sur la direction à suivre sont parfois minces, pour ne pas dire inexistants. Exemple type de votre rencontre avec un Pnj vous barrant la route, cherchant un « problème existentiel sur lequel méditer ». Vous devez dès lors vous aventurer dans un ancien lieu visité, parler à un autre personnage qui vous confiera un parchemin contenant un problème philosophique que vous devrez ensuite ramener auprès du concerné. Le phénomène n'est pas rare, le jeu attendant parfois que vous trouviez une clé ou un objet de quête à l'autre bout du monde et que vous reveniez à un endroit précis ensuite afin de poursuivre l'aventure. Pire encore, certains passages ne se dévoilent qu'en interagissant avec le décor, sur de petits éléments parfois difficiles à distinguer. Et même lorsque certaines choses semblent évidentes, le titre se met à devenir capricieux, comme lors d'un code à entrer en sonnant une cloche. Sur le papier, il suffit de faire tinter celle-ci en marquant des temps de pause. Dans les faits, il faut trouver un rythme difficile à tenir en insistant assez longtemps jusqu'à que ça passe. Juste pénible !

Disons-le clairement, quelques passages, sans soluce sous la main, pourrait vous condamner des jours à errer d'une zone à l'autre. Au cours de mon aventure, je me suis retrouvé devant un boss, ce dernier arrachant à ma mémoire un mauvais souvenir que j'avais enseveli, la raison même qui m'avait fait abandonner le jeu à l'époque. Cet ennemi, l'un des plus difficiles du titre, tape comme une brute et encaisse très bien, vous forçant à vous vider de vos potions et aliments dans l'espoir que ça passe, vous condamnant si tel est le cas à poursuivre avec un inventaire vide et des personnages mal en point. L'astuce ? Eh bien, en réalité, il en existe deux. La première et la plus évidente, celle de découvrir une allée dans l'écran précédent, quasiment impossible à voir et dans laquelle un personnage vous vend un objet facilitant le combat. Malgré celui-ci, le boss reste difficile et c'est là que devient utile une certaine potion confiée à l'origine juste avant le premier boss du début, capable de paralyser l'adversaire un moment. Si par malheur vous ne l'avez plus, attendez-vous à un affrontement compliqué.
Et c'est là qu'intervient alors la courbe de progression hasardeuse car, à peine quelques temps après ce passage, vous débloquez la magie de soin qui rend le jeu nettement plus aisé, surtout que votre mana remonte toute seule. En prenant son temps et en se soignant, on remplit les stocks de nourriture et de potions. Malgré tout, les développeurs avaient peut-être conscience de ce défaut car certains affrontements vous forcent à combattre en duel pour mettre vos talents de bretteur à l'épreuve. Le combat final, dont je vous laisse la surprise, pallie aussi à ce souci en parvenant à jouer d'une belle tension dramatique pour une dernière danse pas bien difficile mais satisfaisante tout de même.
Dernier point concernant le scenario, si celui-ci est assez classique (Sauver des demoiselles en détresse et trouver huit globes de magie.), quelques passages autour des intentions du méchant sont un peu confus, je pense entre autre à la cinématique de début qui amènera quelques éléments un peu décousus en milieu d'aventure, ainsi qu'à un personnage intervenant vers la fin trop brutalement et avec son lot de paroles sibyllines. Dommage !
Les protagonistes rencontrés en chemin sont aussi hélas assez peu mémorables, en dehors de l'entourage direct du méchant, Silver, et ses deux enfants qui ne sont pas sans rappeler le clan Targaryen avec leurs chevelures nivéennes. Mention spéciale toutefois pour le personnage de Glass et sa superbe salle du trône à son effigie.

En bref. Imparfait mais aussi injustement oublié, Silver possède un charme indéniable qui aurait dû le propulser auprès de ces jeux mythiques et sympathiques que sont Alone in dark ou Little Big Adventure. Efficace mélange d'un Zelda, Secret of Mana et FF7, le jeu trouve aussi sa place sur la Dreamcast qui offrait à cette époque de belles adaptations de jeux Pc comme The Nomad's Souls, Quake ou Half-life (même si ce dernier n'était pas réellement sorti). Alors, où le bat a-t-il blessé ? Recontextualisons. La même année sortait FF8 et Zelda 64, conférant l'impression que le titre développé par les anglais de Spiral House était sorti un ou deux ans trop tard tant du point de vue graphique que jouabilité, là où il aurait pu avoir une place d'honneur sur une console comme la Ps1. Il n'en reste pas moins, surtout avec la nostalgie qui est la nôtre, une aventure charmante nimbée d'une aura onirique, le monde de Jarrah étant vivant avec ses nombreux personnages à l'écran, son ambiance parfois lourde et pesante comme dans la ville de Rain éternellement frappée par la pluie, ou plus légère et bucolique avec ses panoramas et ses chemins sylvestres. L'aventure complète se conclut ainsi en une douzaine d'heures avec une solution sous la main. Je ne saurais d'ailleurs que trop vous le conseiller pour occire du gobelin, flamberge au vent, afin de vous remémorer cette belle époque du jeu Pc. Montjoie ! Saint Denis !
Petit bonus : Pour les nostalgiques, voici le clip Game One, légèrement arrangé niveau audio par l'auteur de la chaîne proposant la vidéo.
Et vous, avez-vous déjà arpenté les terres de Jarrah ?