Ça fait un petit moment que l’idée me trotte dans la tête, je me lance donc dans la production de ce mini-dossier évoquant les différentes séries Gundam. Quelques précisions avant de commencer. Sachez que je ne suis pas un fan inconditionnel de cette franchise. À vrai dire, un rapide coup d’œil sur le net vous apprendra qu’il existe des dizaines d’œuvres différentes dont beaucoup n’ont pas passé les frontières du Japon. Ce dossier sera donc un rapide tour d’horizon de mes relativement maigres connaissances sur le sujet, non exhaustif donc, mais pouvant potentiellement vous offrir une porte d’entrée dans le monde merveilleux des mechas de la Sunrise.
Mobile Suit Gundam est donc une franchise qui a vu le jour à la toute fin des années 70 avec la série animée éponyme. Cette première œuvre retraçait le conflit entre le duché de Zeon (une colonie spatiale) et la Fédération Terrestre. L’intrigue était centrée sur deux personnages, en l’occurrence Char Aznable de Zeon, et Amuro Ray, un adolescent qui allait se retrouver un peu par hasard à piloter le tout dernier prototype de la Fédération : le Gundam.
Ensuite, les « armures mobiles » comme elles sont appelées sont considérées comme de simples armes pilotées par des humains, certes sophistiquées, mais pas foncièrement différentes d’un avion de chasse ou d’un char d’assaut. En ce sens, on s’éloigne d’autres franchises comme Transformers ou Power Rangers dans l’approche. Le Gundam désigne généralement une armure mobile unique (beaucoup) plus puissante que les autres produites en série, mais la signification exacte peut varier en fonction de la série (nous y reviendrons).
Notons également qu’il y a un réel souci de proposer quelque chose de crédible sur le plan scientifique, avec des extrapolations inhérentes à toutes les œuvres de SF, mais des justifications venant les positionner comme possibles dans un futur proche.
Enfin, chaque série comporte la plupart du temps un personnage masqué. C’est une récurrence qui vise généralement à dissimuler son identité en vue d’un plot twist, mais aussi ses motivations qui peuvent évoluer pour l’amener à changer de camp (ce qui s’accompagne de la perte du masque en question). D’ailleurs, le « méchant » présenté initialement n’est jamais le « boss final » de la série. Pas de manichéisme ici, même les personnages présentés comme des antagonistes ont généralement des motivations louables mais se sont juste trompés de route pour les concrétiser…
Ces points ayant été posés, attaquons-nous à la première série de la liste.
Cette mini série de 6 OAV partage beaucoup de points communs avec 8th MS Team que nous allons aborder un peu plus loin. Par son format, tout d’abord, consistant en un nombre restreint d’épisodes directement diffusés en VHS. Par l’univers dans lequel elle se déroule, ensuite, puisque nous avons droit à une histoire parallèle prenant place dans l’Universal Century, correspondant à la toute première série Gundam. Par son ton, enfin, qui délaisse la grandiloquence d’un conflit galactique au profit d’une trame plus intimisme.
L’action prend en effet place sur la colonie neutre de Side 6, et suit un jeune garçon de 11 ans nommé Al qui va se lier d’amitié avec Bernie, un soldat de Zeon appartenant à un commando infiltré sur les lieux avec pour objectif de localiser et détruire une armure mobile de la Fédération secrètement développée dans une usine de la colonie : le Gundam RX-78. Lorsque Al décide d’aider Bernie dans sa mission, il ignore que la pilote de ce prototype n’est autre que Chris, sa voisine envers laquelle il nourrit une profonde affection.
Cette histoire annexe qui n’a finalement que peu d’impact sur l’issue de la guerre entre la Fédération et Zeon, adopte donc une approche plus axée sur les personnages composant ce trio et va même jusqu’à offrir à des ressortissants de Zeon un rôle plus louable que celui d’un simple antagoniste comme cela pouvait être le cas dans l’œuvre originelle sortie dix ans auparavant. Tout ce conflit va être vécu par le spectateur au travers des yeux de Al, un enfant naïf qui idéalise la guerre et aide Zeon non pas par conviction, mais simplement par jeu et par attachement envers Bernie. Au fil des épisodes, on ressent que le garçon perd petit à petit son insouciance, devant les conséquences bien concrètes de la guerre et les destructions qu’elle occasionne dans sa colonie qui paye un lourd tribut en vies humaines. La dramaturgie déjà pesante de l’intrigue se trouve en outre renforcée par le couple tragique formé par Chris et Bernie, tous deux s’appréciant mais ignorant leurs identités respectives, qui sont voués à se combattre une fois aux commandes de leurs armures mobiles.
En conclusion, cette mini série d’une grande qualité constitue une bonne porte d’entrée dans l’univers Gundam, sans véritablement être représentative de ce dernier.
« Ils sont cinq, cinq jeunes et fougueux pilotes, recrutés parmi les meilleurs pour libérer les colonies de l’espace du joug de leurs oppresseurs ». Tel est le pitch auquel vous aurez droit au tout début du générique avant chaque épisode, et qui résume finalement assez bien l’histoire. Pour détailler un peu plus, l’intrigue est placée dans un monde où certains humains se sont établis dans des colonies spatiales. Hélas, l’Alliance Terrestre, organisation militaire établie sur Terre, n’a eu de cesse d’exploiter ces colonies dans des conditions parfois proches de l’esclavage, sans que personne ne s’y oppose par peur de sa puissance militaire. En sous-main, l’Alliance comporte une faction nommée les Forces Spéciales qui sont contrôlées par l’Organisation de OZ, elle-même à la botte d’un groupe de riches commanditaires.
C’est dans ce contexte que cinq ingénieurs établis dans les colonies vont chacun construire une armure mobile surpuissante afin de l’expédier sur Terre au cours de l’opération Météore, pour y mener des actions de guérilla contre l’Alliance. Ces armures, ce sont les Gundams, tirant leur nom de l’alliage de gundamium dont ils sont constitués, très résistant mais coûteux et ne pouvant être produit que dans l’espace. Opérant indépendamment les uns des autres sur les ordres des ingénieurs ayant conçu chacune de ces machines, ces cinq pilotes vont être amenés à coopérer à plusieurs reprises.
C’est via cette série diffusée sur M6 que j’ai découvert la franchise quand j’étais gamin, comme beaucoup j’imagine. Elle constitue un bon point d’entrée, et il est d’ailleurs assez conseillé de commencer par elle. D’une part parce que son scénario est parfois assez brouillon, et d’autre part parce que le côté visuel n’est pas celui qui a le mieux vieilli. En d’autres termes, la comparaison pourra être assez dévastatrice si vous la visionnez après l’une des autres dont nous allons parler. On note par ailleurs un gros recyclage de séquences, chose fréquente dans la franchise, mais particulièrement marquée ici. Certains comportements des personnages sont enfin plus qu’horripilants, je pense notamment à cette idolâtrie de tous ces collégiens envers Relena Darlian, parfois à la limite du malaisant.
À côté de cela, nous retrouvons néanmoins beaucoup de personnages intéressants, à commencer par les cinq principaux qui ont tous leur personnalité très marquée, mais aussi les antagonistes comme Zechs, Noin, ou même Treize. Mention spéciale également pour l’esthétique vraiment intéressante et originale, où le côté hi-tech côtoie allègrement des tenues vestimentaires semblant tout droit sorties de l’époque napoléonienne. L’OST se montre elle aussi très efficace et parvient admirablement à rythmer l’action.
Même si les 49 épisodes de la série se suffisent à eux-mêmes, une série de 3 OAV est sortie l’année suivante sous le nom de Gundam Wing : Endless Waltz pour clore définitivement l’histoire. Pour l’occasion, elle propose un scénario qui a l’avantage d’explorer la genèse de l’Opération Météore en insistant particulièrement sur le destin de Trowa Barton, l’un des pilotes de Gundam. L’aspect visuel est plus soigné avec un changement radical de mecha design, pour une évolution extrêmement positive sur ce plan ! Le Wing Zero est vraiment magnifique dans cette nouvelle version.
Cette série de 12 OAV a eu droit à une gestation compliquée, puisque son réalisateur est décédé en 1996 dans un accident de voiture. Il a donc fallu plusieurs années au public japonais pour bénéficier de l’intégralité des épisodes. Si la série n’est jamais sortie en Europe, elle a toutefois connu une commercialisation aux États-Unis dans une version, semble-t-il, censurée.
8th MS Team prend place dans Universal Century, autrement dit dans la timeline de la toute première série Gundam. Il n’est pourtant pas indispensable d’avoir visionné cette dernière pour saisir les tenants et aboutissants de cette extension. En effet, l’œuvre délaisse ici l’approche globale de la guerre entre Zeon et la Fédération, les grands idéaux du conflit et ses enjeux profonds, pour une approche bien plus terre à terre nous proposant de suivre des soldats dans leur quotidien.
L’histoire s’ouvre dans l’espace pour nous montrer une navette de la Fédération amenant des soldats vers leur affectation sur Terre. Sur le chemin, le bataillon croise la route d’une armure mobile de Zeon et Shiro Amada, un jeune lieutenant, décide d’utiliser une capsule non conçue pour le combat, pour attaquer cette menace. Un âpre combat s’ensuit, conduisant à la destruction des deux véhicules, et apprenant à Shiro que le pilote de l’armure ennemie est une femme du nom d’Ayna. Les deux vont devoir coopérer pour survivre jusqu’à ce que leurs camps respectifs puissent leur porter secours, et de ce temps passé ensemble naîtra une profonde affection. Par la suite, Shiro prendra la tête de la 8ème compagnie d’armures mobiles en Asie du sud-est, tandis qu’Ayna endossera le rôle de pilote d’essai sur un prototype créé par son frère, susceptible de faire basculer le conflit en faveur de Zeon.
Comme déjà mentionné, cette série est un cas très particulier et s’inscrit dans la grande tradition des films de guerre nous proposant de suivre un bataillon de soldats dans leur vie difficile sur le champ de bataille. Une vie faite d’âpres batailles dans la fange pour parvenir à gagner quelques centaines de mètres, et où les civils sont souvent les premières victimes d’une guerre qu’ils n’ont pas souhaité. Mais une vie également avec quelques moments plus légers de franche camaraderie, où tous ces frères d’armes se chambrent pour oublier la dure réalité de leur quotidien. Ces touches d’humour sont une bouffée de fraîcheur dans une série bien plus sombre que les autres représentantes de la franchise Gundam. Ici, pas de héros, seulement des soldats qui se battent non par conviction, mais par volonté de survivre jusqu’au lendemain et de préserver leurs compagnons. Des soldats qui sont perclus de doutes sur le bien fondé de leurs actions, éreintés par une guerre qui n’a que trop duré et à laquelle, finalement, ils ne comprennent pas grand chose. Vous l’aurez compris, le message pacifiste n’a jamais été aussi marqué que dans 8th MS Team, avec en point d’orgue un épilogue des plus touchants…
Dotée d’une excellente écriture et de personnages réellement attachants (bien que les seuls 12 épisodes ne permettent pas de tous les développer autant qu’ils l’auraient mérité), cette série est en outre superbe techniquement tant dans le niveau de détail des dessins que dans les animations. Un œil attentif remarquera en prime rapidement qu’aucun recyclage de séquence n’est à déplorer, chose pourtant systématique au sein de la franchise. Contemporaine de Gundam Wing, 8th MS Team se place pourtant à un tout autre niveau et n’est pas loin de ce qui se faisait de mieux en termes d’animation japonaise dans les années 90. Les adeptes de ce même Gundam Wing, justement, ne manqueront pas de noter de grosses similitudes dans les bruitages qui semblent avoir été directement recyclés pour donner vie aux armures mobiles. Mention spéciale à l’opening, qui est à mon sens le meilleur de toutes les œuvres mentionnées dans cet article et pose parfaitement l’ambiance de cet anime : des tranches de vie, et des Gundams qui n’ont finalement que peu d’importance et auraient tout aussi bien pu être remplacés par de simples tanks sans que cela ne modifie le propos.
Changement de contexte pour cette nouvelle série, qui prend place dans un monde où l’humanité a commencé à opérer des modifications génétiques sur les fœtus pour améliorer les futurs enfants, plus forts, plus intelligents, plus doués… Ces nouveaux êtres se nomment les Coordinators, par opposition aux Naturals. Malheureusement, ce rapport de force n’a pas tardé à provoquer de vives tensions entre les deux et les Coordinators ont fini par s’établir dans des colonies spatiales, laissant la Terre aux Naturals. Cela n’a pas empêché le déclenchement d’une guerre entre les deux, dont l’horreur a atteint son paroxysme lorsque la colonie Junius Seven a été entièrement détruite par une attaque nucléaire, dans un jour tristement resté dans les mémoires sous le nom de Bloody Valentine. Afin d’éviter qu’une telle tragédie ne se répète, les Coordinators ont envoyé sur Terre des Neutron Jammers, dispositifs enfouis profondément et empêchant toute utilisation de l’énergie nucléaire sous quelque forme que ce soit.
Quand débute l’histoire de Gundam Seed, la guerre dure depuis presque un an sans qu’aucun des deux camps ne soit parvenu à prendre le dessus. Sur la colonie Heliopolis, appartenant à la nation neutre d’Orb, rien ne semble pouvoir perturber la quiétude de Kira Yamato (un Coordinateur de 16 ans étudiant à l’université) et de ses amis. Hélas, il s’avère que l’Alliance Terrestre utilisait en secret Heliopolis pour développer de nouvelles armes afin de prendre un avantage décisif contre les Coordinators. Ces armes consistent en un vaisseau spatial, l’Archangel, et cinq armures mobiles révolutionnaires : des Gundams (pour General Unilateral Neuro-Link Dispersive Autonomic Maneuver). Contre toute attente, ZAFT, l’armée Coordinator, a eu vent de cette opération et envoie un commando prendre d’assaut Heliopolis pour voler les cinq armures mobiles. Si la mission se passe sans anicroche pour les quatre premières, un concours de circonstances va placer Kira aux commandes de la cinquième : le Strike. Pire, le jeune homme va se retrouver confronté à Athrun Zala, un ami d’enfance désormais soldat de ZAFT… Lorsque Kira fuira la colonie détruite au cours de la bataille dans l’Archangel, il devra combattre les autres Coordinators pour protéger ses amis qui vivaient avec lui sur Heliopolis… Les connaisseurs de la série originelle de 1979 ne manqueront pas de noter de flagrantes similitudes entre les deux intrigues à tel point qu’il ne serait pas excessif de considérer Seed comme une adaptation plus contemporaine de l’œuvre originelle.
Ne tournons pas autour du pot, Gundam Seed est certainement ma série préférée de la franchise Gundam. Outre l’histoire très bien construite qui va de rebondissement en rebondissement, ce sont surtout les personnages qui tirent le plus leur épingle du jeu. Tout d’abord, parce qu’on a droit à un large panel de protagonistes très charismatiques et diablement bien développés. Mais c’est surtout la relation Kira/Athrun qui constitue la grande force de Gundam Seed. Par le biais de cette dernière, c’est toute l’absurdité de la guerre qui est mise en évidence ainsi que l’escalade de la violence qui ne peut mener qu’à une destruction mutuelle de laquelle personne ne sortira gagnant. De pertes en vengeances, on se retrouve à peu près au milieu de la série avec un duel à mort entre ces deux frères devenus ennemis, dans une scène d’une puissance comme on en a rarement vu dans un animé et d'une violence inouïe. Une scène qui vous prend aux tripes, vraiment.
Dans Gundam Seed, les personnages évoluent réellement et le spectateur évolue avec eux. J'ai vu beaucoup de critiques à l'époque sur le traitement de Kira, souvent qualifié de pleurnichard. Mais en étant pragmatique, comment traiter autrement un personnage qui n'est autre qu'un adolescent de 16 ans sans aucune formation militaire pour le préparer, se retrouvant à tuer des soldats ennemis, et à affronter son ami d'enfance ? Qui parmi nous aurait pu supporter un tel traumatisme sans sacrifier sa santé mentale ? En dépit de ses extraordinaires dispositions dans le maniement des mobile suits, Kira n'est qu'un enfant d'une grande gentillesse détruit à petit feu par la guerre, vulnérable, manipulable, et chaque scène l'impliquant est construite de manière à nous le rappeler.
Je ne vous en ai déjà que trop dévoilé, et je m’arrêterai donc là… Je précise seulement qu’en plus de ce que j’ai déjà mentionné, on aborde ici des thématiques très variées comme le transhumanisme, le génocide, le racisme, l’extrémisme, l’utilisation de drogues sur les soldats, le sacrifice de ces derniers par leurs dirigeants comme s’ils n’étaient que de simples pions… Des sujets plutôt délicats qui sont traités avec soin et respect.
À côté de ça, Seed bénéficie d’un aspect visuel magnifique, avec des mechas qui ont pour certains une classe infinie (Freedom, rappelez-vous de ce nom !). Cette technique très aboutie, couplée à une OST qui sublime l’ensemble et à un doublage (japonais, obligatoire !) incroyable, donnent naissance à des scènes qui ne sont à mon sens pas loin de pouvoir se prétendre aussi cultes que des monuments de l’animation japonaise comme la transformation de Gohan en SSJ2 ou le sacrifice de Piccolo. Certes, tout n’est pas parfait, on pensera notamment à un inévitable recyclage de scènes, ou l’usage d’une 3D dans la représentation de certains vaisseaux qui peut paraître un peu désuète aujourd’hui. Mais objectivement, que ce soit l’histoire, les personnages, les visuels ou l’OST, Seed est clairement meilleur que Wing en tout point.
Terminons par un petit easter egg en précisant que l’un des personnages, pour tuer le temps entre deux batailles, joue...à la Wonderswan ! Une bonne manière de rappeler que Bandai est largement impliqué dans la franchise Gundam, en vendant notamment pléthore de produits dérivés allant des figurines aux inévitables jeux vidéo.
Suite de Gundam Seed se déroulant deux ans après ce dernier, Destiny introduit le personnage de Shinn Asuka, pilote talentueux qui manie l’Impulse (un nouveau Gundam révolutionnaire par sa polyvalence) pour le compte de ZAFT. Nous apprenons rapidement qu’il a perdu toute sa famille pendant une bataille s’étant déroulée dans la précédente série, et en est resté profondément marqué. Depuis les événements de Seed, une paix fragile s’est établie entre les deux factions. Hélas, celle-ci ne va pas tarder en éclats lorsque l’Alliance Terrestre va subtiliser trois nouveaux Gundams secrètement mis au point par ZAFT. La chute sur Terre de Junius Seven (la colonie spatiale qui avait été détruite par une attaque nucléaire au tout début de la précédente guerre) provoquée par une bande de Coordinators fanatiques va achever de raviver les tensions entre les deux camps, prélude à une nouvelle guerre que Gilbert Dullindal, le président des Coordinators, fera tout pour éviter. Une guerre dans laquelle sera impliqué le Minerva, fleuron de la flotte de ZAFT sur lequel Shinn est affecté, qui partira à la poursuite des Gundams volés.
Même si on a droit à de nouveaux personnages, Gundam Seed Destiny donne également beaucoup d’importance aux anciens puisque quasiment tous les survivants de la précédente série auront leur rôle à jouer ici. Surtout, beaucoup de ces têtes connues sont réintroduites de manière très progressive, commençant par quelques images au détour d’un épisode, avant de provoquer un come back fracassant. Pourtant, on descend clairement d’un cran en termes de qualité. Les nouveaux acteurs pâtissent pour beaucoup de gros défauts dans leurs constructions respectives, et Shinn a énormément de mal à endosser le rôle de protagoniste principal : toujours énervé, souvent détestable, systématiquement dans l’erreur, on a le sentiment à la fin des cinquante épisodes qu’il n’a finalement pas été utile à grand-chose hormis emprunter une mauvaise voie et se retrouver contraint de revenir dans le droit chemin parce qu’il a été vaincu.
Enfin, comment ne pas mentionner le recyclage de scènes qui devient ici un réel problème : entre l'assemblage du Gundam Impulse ou la charge du Destiny, certaines d'entre-elles (pas forcément très utiles, d'ailleurs) peuvent être vues plusieurs dizaines de fois au fil de la série provoquant une véritable overdose. Le procédé est certes commun dans l'animation japonaise, mais atteint ici son paroxysme...
Difficile, en revanche, de passer à côté de cette suite pour celui qui a apprécié la série d’origine, dont elle s’impose comme un plutôt bon complément avec un scénario plutôt bien écrit et des protagonistes pour certains dotés d’une grande efficacité dans l’art de cacher leur jeu. À noter qu’il est conseillé de visionner un double épisode conçu pour clore l’histoire, qui se substitue avantageusement à celui diffusé initialement.
Les événements de cette mini-série se déroulent parallèlement à Destiny, débutant pendant la chute de Junius Seven sur Terre. On constate la dévastation provoquée par cette tragédie, au travers des yeux de nouveaux personnages. L’intrigue s’axe principalement sur Selene, une chercheuse du DSSD, un organisme scientifique travaillant sur l’exploration spatiale. Ses travaux portent sur la conception du Stargazer, un Gundam spécialisé dans ce domaine et capable d’utiliser l’énergie solaire pour se propulser sur de très longues distances. Une technologie intéressant l’Alliance Terrestre qui, en dépit de la neutralité du centre de recherche, va envoyer les pilotes de son unité spéciale Phantom Pain, aux commandes de leurs Gundams, pour tenter de voler ce précieux prototype. Avec seulement trois épisodes d’une grosse quinzaine de minutes chacun, difficile de développer un véritable scénario mais Stargazer y arrive finalement plutôt bien, avec un ton très différent de celui des deux autres séries : plus sombre, plus adulte, et davantage porté sur ces oubliés de la guerre vivant dans l’ombre des héros et périssant parfois sans aucune gloire…
Terminons en soulignant l’extraordinaire qualité musicale de l’ending, véritable bonbon auditif à déguster sans modération...
Gundam 00 nous place dans un monde où la pénurie d’énergies fossiles a poussé l’humanité vers la construction de trois ascenseurs orbitaux équipés de panneaux solaires, et alimentant la planète en électricité. Chacun de ces trois ascenseurs appartient à une coalition d’États : la Ligue de la Réforme humaine composée de la Russie, l’Inde et la Chine, l’Union regroupant l’Amérique, l’Australie et le Japon, et enfin l’AEU constituée des anciens pays d’Europe. Hélas, certaines nations n’ayant pas participé à la construction des ascenseurs orbitaux se retrouvent dans une position extrêmement précaire, et cette lutte pour l’énergie ne manque pas de provoquer de grosses tensions.
L’intrigue commence par un attentat terroriste perpétré contre l’une de ces installations, durant laquelle apparaît pour la toute première fois une armure mobile inconnue, un Gundam (engin équipé d’un générateur à énergie solaire le rendant bien plus performant que ses opposants), qui stoppe la catastrophe. Il s’avérera que ces derniers, au nombre de quatre, appartiennent à une organisation nommée Celestian Beings dont l’ambition est de mettre un terme à tous les conflits en intervenant et en détruisant tous les belligérants de chaque bataille qui survient. L’intrigue nous place du point de vue de ces « Gundam Meisters », et plus particulièrement de Setsuna F Seiei, un ancien enfant-soldat fanatique jadis sauvé par un Gundam qui souhaite sincèrement mettre un terme à tous les conflits par son action afin d’éviter à d’autres d’embrasser le même destin que lui. Un but qu’il conservera tout au long de sa vie, tout en évoluant vers une approche plus pacifiste sous l’influence de Marina Ismail, princesse d’un Royaume d’Azadistan touché de plein fouet par la crise énergétique.
Plus généralement, tous les personnages ont un passé chargé, très largement abordé au fil des épisodes, et qui conditionne leurs motivations. On apprend rapidement que les actions de Celestian Beings sont orientée par Veda, une intelligence artificielle sur laquelle se base Sumeragi Lee Noriega, une fine stratège assurant la réussite des Gundam Meisters en élaborant de savantes tactiques avant chaque mission. C’est d’ailleurs le principal point sur lequel se distingue Gundam 00 par rapport aux autres séries de la franchise, à savoir une plus grande importance accordée à la stratégie.
Mais là où l’œuvre tire réellement son épingle du jeu, c’est dans son inspiration qui se base largement sur les cycles de la Fondation et des Robots d’Isaac Asimov (auteur russe pouvant être considéré comme l’un des pères de la science-fiction moderne). En réalité, c’est plus qu’une inspiration, et il n’est pas excessif à ce niveau de parler de relecture remise au goût du jour ! Tout le postulat de départ, avec ce plan d’évolution pour mener à la survie de l’humanité, conçu par une personne visionnaire, un plan à plusieurs volets impliquant diverses factions qui ignorent qu’elles œuvrent pour la même chose (voire carrément leurs existences respectives). Tout ce plan est supervisé dans l'ombre par les Innovators, créatures créées spécifiquement pour cette tâche et supérieures en tout point aux humains… N’importe qui ayant lu les deux cycles majeurs de l’auteur russe ne manquera pas de pointer un parallèle plus qu’évident entre ces derniers et Gundam 00.
La série est divisée en deux saisons de 25 épisodes chacune, avec une ellipse de 4 ans entre ces deux parties. L’histoire se termine par un film de 2 heures sorti en 2010 (A Wakening of the Trailblazer) qui apporte encore un surplus d’ambition en impliquant une entité extraterrestre, et procure une conclusion satisfaisante quoique laissant une large place à l’interprétation. À vrai dire, je ne suis pas certain d’en avoir réellement saisi le sens.
Gundam 00 est quasi unanimement appréciée par le public et j’aurais tendance à aller dans le sens du plus grand nombre, ne serait-ce que par son scénario ou sa source d’inspiration qui me parle tout particulièrement. En revanche, l’histoire met beaucoup de temps à décoller et il faut persévérer pendant quasiment la moitié de la première saison pour enfin en saisir tout l’intérêt. Même chose sur un plan plus terre à terre, au niveau des combats qui sont assez mous pendant un certains temps (sentiment renforcé par une grande répétitivité dans les musiques utilisées) avant de gagner en dynamisme à mesure que les personnages deviennent toujours plus performants dans leur art. L’ensemble se montre par ailleurs très généreux en batailles spatiales spectaculaires. Ma préférence va malgré tout à Seed, mais Gundam 00 reste une excellente série de science-fiction.
Nous en arrivons donc à la fin de ce long dossier, dont j’espère qu’il vous aura offert un aperçu de ce que la franchise Gundam a à offrir et, pourquoi pas, donné envie de la découvrir ! Je le mettrai à jour si d’aventure je visionne d’autres séries qui en sont issues. Si le contenu vous plaît, peut-être une partie 2 viendra-t-elle qui s’attardera sur les adaptations vidéoludiques auxquelles j’ai eu l’occasion de m’essayer. D'ici là, n'hésitez pas si vous avez des questions